Pourquoi La Bicaudale ?

La sirène, bien que privée de sexe, nous relie fondamentalement au féminin.
Par l'élément aquatique qui renvoie à une sorte de nostalgie foetale, par sa sensualité fatale, son aspect monstrueux à la fois sexué et asexué, la sirène cristallise le tabou ancestral rattaché au genre féminin.

Tout comme mes questionnements sur la notion de féminité, la sirène habite mes rêveries depuis l'adolescence avec une persistance appliquée. Aussi a-t-elle resurgi spontanément pour symboliser ce nouveau projet personnel.

Ma sirène flotte, glisse, virevolte, se meut si librement qu’on ne sait si elle nage ou vole. Son corps se meut dans un milieu où les lois de la pesanteur sont autres : celui des disciplines aériennes.

Ma sirène est bicaudale. Ses deux appendices témoignent d’un partage entre deux mondes, deux appuis pour se mouvoir, avancer : deux outils de langage que sont pour moi les arts de la scène et les arts appliqués. Le travail du corps, et celui des mains.

L’un insuffle sa force à l’autre, qui vibre comme le prolongement du premier.
Une même énergie les nourrit.
L’émotion naît d’un frottement.
D’une vibration qui entre en résonance avec nos sens et notre âme.

La figure de la bicaudale incarne ma nécessité d’une globalité artistique :
deux dynamiques issues d’une même source, d’un même mouvement interne, qui s’entrecroisent en permanence pour tisser un langage riche de sensations.