Le point de départ

"L'univers du jeune public me touche par sa profondeur, son essentialité, sa naïveté, et son universalité. Les spectacles pour enfants comme les albums jeunesse me ramènent à un état d’ouverture, de rêverie et éveillent mon inventivité. Aujourd’hui encore ils m ‘aident à grandir. J'ai d'ailleurs écrit par le passé de nombreuses histoires qui sont restées sans image...

Ce désir de travailler sur un spectacle jeune public est parti de l'envie de réaliser un livre pour enfants et de voir Célia Guibbert l'illustrer. Et puis, il m'a paru évident que nous pouvions aller plus loin, en créant un spectacle jeune public conjointement au livre.

J’ai proposé à Célia cette collaboration parce qu’elle me touche et me fascine par sa faculté de créer au quotidien. Mon envie d’accompagner et créer avec Célia en lui donnant l'occasion de se réaliser pleinement, au plateau autant qu'au pinceau, répond à son envie d'être source d'inspiration et de chercher et laisser s’épanouir ce qu'elle a aujourd'hui à défendre ...

Rapidement, j'ai pensé à Armelle Pioline pour l'accompagner sur scène : j'aime sa voix sensuelle et enfantine, sa présence féminine très assumée, je suis troublée par son lâcher prise et la poésie de ses textes.

Nous avons donc très vite reprécisé la forme du projet : mettre en place un spectacle jeune public musical mêlant aérien, théâtre, danse et dessin, et l'accompagner d'un livre illustré et musical.

C’est d’un trio qu’il est question où chacun amène son monde, il s’agit d’une création collective où je serai garante des choix."
Stéphanie Constantin

"Après avoir fondé et co-dirigé la Cie Les Fées Railleuses pendant 7 ans, j'ai ressenti le besoin de créer ma propre compagnie - La Bicaudale, afin d'aller plus loin dans une démarche personnelle mêlant mouvement, aérien et art pictural.

Comment associer dans la création artistique mes différents outils d'expression? Profiter du cadre ludique du jeune public pour affirmer une dimension plastique au coeur de l’écriture scénique.
Prendre à bras-le-corps les problématiques qui m'habitent, et être accompagnée pour les explorer, chercher par l’écriture, le corps et la matière.

Approfondir notamment ma recherche au trapèze pendulaire, cette danse aérienne très proche du sol, où la notion de trace prend corps.
Chercher sur le plateau comment le dessin peut venir raconter, prolonger, soutenir le mouvement...

Après quelques timides expériences, mes désirs d'édition et d'illustration autour du spectacle vivant trouvent naturellement avec ce double projet - livre et spectacle - une véritable place."    
Célia Guibbert

De quoi parlons-nous?

Les thèmes du passage à l’âge adulte et de la mer, sont apparus naturellement chez Célia. Précédemment abordés dans Entredits et Voyage à quai (productionsLes Fées Railleuses), ils reviennent aujourd’hui, différemment.
Ces thèmes ont fait écho immédiatement chez Stéphanie : ils sont au coeur de son travail du clown, et notamment son solo El Niño (production Comédie de Béthune, mise en scène Fanny Chevallier).


L’enfance comme la mer renvoie à la fois
à l’idée d’immuable et d’impalpable.

Quelque chose qui reste là, en dehors de soi et du temps.
Quelque chose qui tire et qui pousse, qui berce, ballotte, secoue, mais qui toujours porte vers l’horizon, vers un autre rivage.
Une immersion dans l’immense, le présent à perte de vue.
Est-ce que l’enfance finit là où meurent les vagues ?
Où l’on touche terre ?

Attraction et répulsion.
Flux et reflux.
Vouloir et refuser. De grandir. De marcher droit sur ses pieds.
De choisir une direction. De tracer son propre chemin.

Dessiner ce que la mer efface inlassablement, pour que ça existe quand même un peu. 

L’enfance, la mer, la mère, l’enfant.
La mer, d’où nous venons, est un élément de ressources, de vie de mouvement, de sérénité, de mystère, de légende.
L’enfance passe, mais reste, et nous recherchons à la connecter par l’art, pour vivre au plus proche de nos envies intimes. L’enfance comme un instinct, une naïveté, un éveil, un traumatisme, un refuge.
La mer aussi est un refuge.
Le silence aussi.
Et la musique.

C’est de ce refuge dont nous voulons parler. De cet endroit de rêverie, qui sauve, qui tient en vie, et qui nous connecte à l’essentiel, comme certains livres illustrés qui, en quelques lignes, nous rappellent à quel endroit nous nous sentons bien.
Mais quelle place accorder à ce refuge ?
Combien de temps et d’espace ?
Pourquoi a-t-on envie de sortir de l’eau ? De l’enfance ?
Qu’est-ce qui nous retient de le faire ? Ou de ne pas le faire ?

 

pecheur-celia-guibbert